Mécréantes

Révolution : Nom féminin

May 08, 2023 Léane Alestra Season 2 Episode 6
Mécréantes
Révolution : Nom féminin
Show Notes Transcript

Cela fait 4 mois qu'un mouvement social et une crise politique secouent la France. Les femmes et les personnes queer sont aux avants postes de la protestation, sur tous les pans et tous les aspects. Mais dans quelques années, s'en souviendra t-on? Bref, si les femmes ont toujours été aux avant postes des luttes, il est difficile de remonter aux sources car celles ci sont perdues, brûlées. Les femmes sont encore invisibilisées et la transmission de ce qu'elles ont apporté aux mouvements sociaux est rare, oubliée ou figée dans quelques figures uniques portées comme allégories. Alors nous, féministes, sommes dans une véritable course contre la montre.  C'est pourquoi je suis allé à la rencontre de deux militantes historiques du MLAC, le Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception, créé en avril 1973. Bonne écoute !

Episode co-réalisé avec la journaliste Melissande Bry 


👩‍🏫 INTERVENANT· E· S :

  • Annie Chemla
  • Irene Jouannet

SOURCES DES EXTRAITS : 

DOCUMENTATION :

Mes années MLAC, Irène Jouannet, Du croquant, 2020.


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Léane Alestra: Ouvriers ouvrières. Comptez vous. Pris 1 à 1, vous n'êtes rien, sinon qu'un grain de poussière broyé sous la grande roue. Mais rassemblez vous! Unissez vous! Vous êtes 5 millions! 5 millions, c'est une force. Flora Tristan.

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Léane Alestra: Je n'accepterais plus les choses que je ne peux pas changer. Je changerais les choses que je ne peux pas accepter. Angela David

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Léane Alestra: La révolution n'est pas un événement ponctuel. Il devient toujours vigilant. C'est apprendre à aborder la différence de l'autre avec respect. Audre Lorde

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Léane Alestra: C'est dans la révolution que battent nos ailes, Louise Michel.

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Léane Alestra: Je suis à Aubervilliers, il est 14 h. Nous sommes le 27 avril 2023. Cela fait quatre mois qu'un mouvement social et une crise politique secouent la France. Les femmes et les personnes queer sont aux avants postes de la protestation, sur tous les pans et tous les aspects. Mais dans quelques années, s'en souviendra t-on? Les femmes ont toujours été proactives dans les mouvements sociaux, y compris en France. Jusqu'à la Révolution française, elles avaient le rôle d'émeutieres, c'est à dire d'être en première ligne des manifestations pour faire un maximum de bruit. Lors de la Révolution française, les femmes du peuple sont décisives. Le 5 octobre 1789, elles partent depuis Paris à pied pour aller chercher le roi à Versailles. Et c'est en grande partie grâce aux jacobines, aux tricoteuses et aux Amazones que le mouvement social aboutit. Quelques années après, l'esclavage est aboli en Guadeloupe avant d'être rétabli par Napoléon Bonaparte en 1802. Les femmes et les hommes noirs sont à nouveau esclavagisés et les femmes noires se battent de toute leur force contre ce rétablissement criminel. Solitude est l'un de ses visages, elle sera exécutée le lendemain de son accouchement, à 30 ans. En 1840, les féministes posent les premières pierres de ce qui deviendra plus tard la CAF et la Sécurité sociale, l'impertinente Flora Tristan est l'une de ses voix. 1870, c'est la Commune de Paris. Les femmes sont encore une fois aux avants postes et encore une fois réduites à une image fausse, celle des pétroleuses. Dans un mélange de haine de genre et de classe, leurs combats sont une nouvelle fois réduits à leur corps. On les accuse à tort d'avoir simplement allumé des feux, d'être des incendiaires vulgaires, niant ainsi combien elles ont luttées et participées lors de la Commune, à l'invention d'un nouveau monde. 1936 lors de la grève générale et du Front populaire. Elles sont aussi aux avants postes. De 1954 à 1962, les femmes algériennes multiplient les stratégies et redoublent d'ingéniosité pour parvenir à l'indépendance de leur pays.

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Léane Alestra : Bref, si les femmes ont toujours été aux avant postes des luttes, il est difficile de remonter aux sources car celles ci sont perdues, brûlées. Les femmes sont encore invisibilisées et la transmission de ce qu'elles ont apporté aux mouvements sociaux est rare, oubliée ou figée dans quelques figures uniques portées comme allégories. Alors nous, féministes, sommes dans une véritable course contre la montre. Face à l'urgence d'archiver nos luttes et d'écrire l'histoire du présent, et ce avant qu'elle soit réécrite par les dominants. C'est pourquoi je suis allé à la rencontre de deux militantes historiques du MLAC, le Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception, créé en avril 1973. Car contrairement à ce que nous dicte le récit majoritaire, c'est grâce à ce mouvement de femmes luttant de manière horizontale et autonome que nous avons aujourd'hui acquis le droit à l'IVG. Droit qui est d'ailleurs menacé présentement en France par une pénurie de pilule abortive dans plusieurs villes, et ce, dans l'indifférence totale des services publics. Bref. Voici l'histoire d'Annie Chelma, militante historique du MLAC, mais aussi philosophe, sociologue, statisticienne et militante syndicale, ainsi que celle d'Irène Jouannet, militante historique du MLAC, réalisatrice et scénariste française.

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Annie Chelma : Il faut se rendre compte que jusqu'en jusqu'à ce que Giscard soit élu, donc dans les années de Gaulle et les années Pompidou, la société vivait sous une chape de plomb qui datait de de la guerre. La morale publique était encore celle de l'avant guerre, quasiment. Quand j'ai commencé à travailler en 1970, on n'avait pas le droit d'aller travailler en pantalon. Evidemment, on a balayé cette interdiction assez rapidement, mais c'était tout un monde qui vivait sous une chape de plomb. Et si le MLAC a réussi, c'est parce que la société n'en pouvait plus de ce couvert qui pesait sur nous. Mais quand, en mai 68, on a jeté en l'air le couvercle, on a jeté en même temps énormément du passé, des modes, de la manière dont devait vivre une jeune femme en se tenant bien, les genoux serrées, on sachant coudre et on avait des cours de couture. Nous c'était ce qu'on apprenait, à l'école. Ça n'empêche pas que j'aime coudre et cuisiner, mais c'était ça le destin des femmes. Et ça, on l'a balayé assez rapidement. En plus c'était des années pré-sida. On a vécu des années de liberté sexuelle et amoureuse amicale et c'était dans le monde entier. Au moment de mai 68, il y avait une révolution au Mexique, il y en a eu aux Etats-Unis, le monde entier a changé d'époque en même temps.

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Irene Jouannet: Je m'appelle Irène Jouannet, j'ai bientôt 78 ans. Je suis ici pour témoigner de l'activité que j'ai eu au sein du MLAC Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception dans les années 70. J'avais 27 ans. J'étais mariée à un jeune médecin. J'avais deux enfants et à cette époque là, je travaillais comme standardiste, réceptionniste chez des avocats américains. Donc je vivais avec Pierre Jouannet, mon mari qui était étudiant en médecine, qui appartenait à un groupe Information Santé, un petit groupe de jeunes médecins. Ils avaient compris que la révolution prolétarienne ne serait pas de leur fait et qu'il valait mieux se tourner vers ce qui les concernait eux, c'est à dire le soin, la santé, parce que là, ils avaient ils avaient quelque chose à faire. Ils voulaient remettre en question le rapport médecin-usager ou soignant usager de la médecine. Donc, ils avaient formé plusieurs groupes. Et puis il y avait un petit groupe qui s'appelait le groupe Sexualité, avortement, reproduction, dont je faisais partie parce que je suivais Pierre. J'ai essayé de m'investir, j'ai essayé de toutes mes forces de m'investir mais on perdait notre temps dans ce petit groupe. C'est à dire qu'on papotaient et qu'on on réfléchissait beaucoup à ce que faisaient les Américaines. On essayaient de s'inspirer d'elles, mais on n'arrivaient pas à trouver tout de suite ce vers quoi on pouvaient se diriger. Il se trouve qu'à la même époque, il y a eu le manifeste des 343 salopes dites salopes. Donc il y avait eu ce manifeste qui avait fait beaucoup de bruit, il y avait le MLF qui se manifestait et bruyamment, et qui commençait à être entendu.

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Léane Alestra: Christine Delphy sur France Culture en 2017, à propos de la création du Mouvement de libération des femmes, dit plus tard MLF.

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Christine Delphy sur France Culture: On a essayé de déposer une gerbe à la femme inconnue du soldat. Bon, on avait quatre banderoles en tout, dont l'une disait Il y a plus inconnu que le soldat, c'est sa femme. On n'est jamais arrivé à déposer cette gerbe. On voulait créer un événement spectaculaire en solidarité avec une grève des femmes américaines qui s'est déroulée le même jour le 26 août 1970. Et comme on était en août la presse n'a pas grand chose à se mettre sous la dent. Donc, il y a eu au moins deux journaux qui ont fait leurs gros titres, là dessus avec des photos et ils ont intitulé d'eux mêmes que nous étions un mouvement de libération de la femme et même de la femme française. Tout ça avec des majuscules. On ne pouvait pas savoir quelles seraient les retombées de ça. Ce qu'on sait, c'est que les flics avaient fait. conduire à peu près trois ou quatre cars grillagés. Et puis quand ils se sont aperçus qu'on était neuf, ils nous ont mis les neuf dans une de ces voitures et nous on était on était absolument déchaînés et on était. D'abord, il ont fait pinpon-pinpon pont avec leur sirènes. Puis après, ils se sont rendu compte qu'on n'était pas des dangereux révolutionnaires et ils ont arrêté. Alors nous par les fenêtres, on a crié Pin pon! parce qu'on était vexés qu'ils arrêtent leur sirène. Après, ils nous ont amenés dans un commissariat et dans ce commissariat, on disait absolument n'importe quoi sur nos identités et on chantait des chansons traditionnelles parce qu'on n'avait pas encore fait de chansons à nous. Donc on leur a cassés les oreilles.

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Irene Jouannet: Et puis il se trouve que un certain dimanche de 72, j'ai pas de l'été 72. Joëlle Baudry Kaufmann, qui est une gynécologue, a appelé à la maison et a demandé à Pierre s'il pouvait la remplacer pour assister à un avortement qui serait pratiqué chez Delphine Seyrig, place des Vosges.

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Léane Alestra: Oui, oui, on parle bien de Delphine Seyrig, l'immense actrice française qui a notamment joué dans Peau d'Ane.

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Irene Jouannet: Pour assister à un avortement par Hervé Karman, un psychologue, et non pas un médecin, américain qui avait non pas mis au point, mais peaufiné une méthode qui existait depuis longtemps en Chine, qui était la méthode d'avortement par aspiration. Alors ce qu'avait apporté avec HKarman, c'est que la méthode par aspiration se faisait en Chine. Mais lui, il a créé des canule souples qui permettaient de ne pas blesser l'utérus. Donc Pierre se rend à cette séance, on va dire. Il revient, mais complètement bouleversé par ce qu'il a découvert. Alors il me raconte que y avait tout le gratin du MLF chez Delphine Seyrig, et il y avait Hervé Karman, une journaliste qui avait amené avec Karman et une très jeune femme qui était là pour se faire avorter. Pierre, en tant que médecin, a assisté avec Karman et il s'est rendu compte tout à coup que tout ce qu'il avait appris pendant ses études de médecine était complètement faux, que l'avortement pouvait être un geste simple, peu douloureux, rapide et du coup peu onéreux. Donc il a discuté avec Karman, il l'a ramené à Orly et Karman a laissé des canules souples. Et après quoi Pierre s'est dit : mais il faut qu'on fasse quelque chose ! Maintenant que je sais ça, je peux pas rester les bras ballants. Il a réuni ses copains du groupe Information Santé. Il leur a dit ce que je viens de découvrir est extraordinaire et il faut qu'on se mette nous même à pratiquer des avortements. Alors au début, les copains ont dit mais ça va pas la tête, t'es fou, on va avoir des accidents, c'est dangereux. Et puis Pierre leur a dit Ecoutez, je sais qu'il y a à Grenoble un jeune toubib qui pratique déjà la méthode par aspiration et pratique un peu à la demande, il rend service. Mais on va aller voir comment il pratique. Donc un petit groupe est parti à Grenoble dont je faisais partie. Je pense qu'à l'époque Olivier Bernard, le médecin en question, pratiquait avec une pompe à vélo qui servait à faire l'aspiration puisqu'il avait inversé la pompe à vélo au lieu de donne de projeter de l'air, elle l'aspirait. Et ça se passait sans problème et c'était simple. Bon, les copains de Pierre sont revenus assez convaincus. Ils ont à ce moment là décidé de faire un manifeste, un peu à la façon des 343 salopes dans lesquel ils déclaraient avoir pratiqué des avortements. Alors, pour ce faire, il a fallu qu'il commence à faire des avortements. Donc ils se sont constitués en équipe de deux. Il y avait un médecin et ce qu'on appelait d'un très vilain mot une intermédiaire, et il fallait trouver des femmes qui avaient besoin d'avorter et de les avorter sur place à Paris. Alors je pense que les premières femmes ont été trouvées par la permanence de Choisir de Gisèle Halimi, parce que Gisèle Halimi recevait les femmes, leur donnait des adresses en Angleterre pour aller avorter, mais refusait l'idée de pratiquer des avortements. Elle voulait se battre sur un terrain juridique seulement. Enfin seulement, c'était important, mais sur le terrain juridique, donc, les médecins, accompagnés de leur intermédiaire, ont commencé à pratiquer des avortements. Ça s'est passé dans l'ensemble de façon extrêmement sécure, je vais dire. Nous, intermédiaires, on rencontrait les femmes avant, on leur expliquait comment allait se passer l'avortement, on les préparaient psychologiquement on créaient un lien et on était là pour les accompagner pendant tout l'avortement. Au bout d'un certain nombre d'avortements, les médecins ont décidés de publier leur manifeste dans Le Monde. Ils l'ont publié. Il y a eu une conférence de presse qui a eu un retentissement mais étonnant. Vraiment, on ne s'attendait pas à ça. Il y a eu des télévisions de France et d'Europe, et beaucoup de télévisions qui sont venues. Ça fait la une de plein de journaux. Et à partir de ce moment là, la demande a été telle que le petit groupe de médecins qui pratiquaient des avortements s'est dit Il faut qu'on crée un mouvement de masse. Et c'est là qu'ils ont créé le MLAC Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception, qui regroupait plusieurs associations, groupes politiques, individus, syndicats. Et ce qu'il y avait, il y avait une charte qui avait des statuts déposés légalement. Donc le MLAC avait comme particularité d'être un mouvement officiel qui avait une pratique illégale. A partir du moment où ce mouvement officiel a existé, on a créé je pense qu'elle existait avant, je ne sais plus ça, une permanence d'accueil. Au départ, c'était un mouvement parisien. Donc on a créé une permanence d'accueil qui se trouvait dans une petite librairie de la rue Buffon, auprès du Jardin des Plantes. Et où on accueillait des femmes. Elles étaient très nombreuses. Elles faisaient la queue dans la rue. Alors quelques unes avaient cette chance, entre guillemets, de pouvoir être avortées à Paris. Les autres, on les aiguillaient, on leur donnait des adresses vers la Hollande et vers l'Angleterre. Alors en Hollande, jusqu'à douze semaines d'aménorrhée, c'est à dire depuis les dernières règles en Angleterre au delà de douze semaines. Ca a tellement marché que les femmes sont sont venues en nombre, tellement important qu'on n'a pas pu rester dans cette librairie. On a essayé de trouver un local, on n'en a pas trouvé un local officiel. On en a fini au Jardin des Plantes, devant le musée d'histoire naturelle où on recevait alors des centaines de femmes au grand air, au vu de tout le monde. Et on faisait un discours. J'étais devenue un peu la spécialiste de ce discours d'accueil. On leur expliquer qu'on n'était pas grosso modo des bonnes sœurs rouges, qu'on menait une action politique, que notre but n'était pas de d'avorter toutes les femmes de France, que notre but était d'acculer le gouvernement à modifier la loi. Très vite, des MLAC de quartier se sont créés à Paris. Des MLAC se sont créés en province puisque effectivement on est arrivé à un moment à ce qu'il y en ai 200 antennes du MLAC. Des MLAC se sont créées dans les lycées, dans les universités, dans les hôpitaux, dans les usines. Ce mouvement s'est développé à une vitesse grand V de façon extraordinaire. Il était implanté dans la population.

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Irene Jouannet: Donc très très vite. Le MLAC est devenu un mouvement non plus parisien mais national, et chaque groupe était finalement autogéré. Il y avait très peu de relations entre le MLAC dit Central et les MLAC locaux, ce qui fait que les pratiques ont été relativement différentes d'un MLAC à l'autre. Il est clair que notre action avait un but politique.

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Extrait BA Annie Colère: Vous vous trompez de combat avec eux, alors. On agit concrètement pour les femmes. Il y a des millions de femmes en France et on est en train de discuter, de savoir si on doit leur donner la liberté, l'autonomie de notre corps. Je veux que ma fille puisse avorter si elle a besoin.

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Irene Jouannet: Pour une fois, on avait compris qu'on avancerait sur cette question si on était capable d'associer une pratique et une aide à des revendications assez extrêmes, assez extrêmes. Enfin, et c'est en ça que le MLAC était très original dans l'histoire du mouvement gauchiste, c'est qu'on a associé effectivement, on a aidé, on a vraiment participé à aider les femmes, on les laissait jamais sur le carreau.

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Extrait BA Annie Colère: Comment tu t'appelles? Annie J'ai deux enfants. Est ce que t'as déjà avorté une fois? C'était avec quoi? Des aiguilles à tricoter? Tu veux le garder? Jusque là, c'est les hommes qui ont le pouvoir de décider de nous mettre enceinte. Et nous alors? Si c'est nous les femmes qui décidons mais c'est la révolution !

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Irene Jouannet: On les connaissait, on les suivait, on leur parlait de contraception, mais on était clairs sur le fait qu'on avait un objectif qui était de porter le scandale tellement loin que le gouvernement serait bien obligé, tôt ou tard, de modifier la loi répressive.

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Extrait BA Annie Colère: Tu ne peux pas les empêcher d'avorter. Ils vont être obligés de s'y coller et de la changer, cette putain de loi.

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Irene Jouannet: Le MLAC est un mouvement au départ quand même mixte, mais c'est vrai que les femmes, un peu comme en mai 68, elles étaient bonnes à distribuer des tracts, à faire des cafés et des photocopies. Là on était des intermédiaires, c'est à dire qu'on était des accompagnantes, mais on remettait pas tellement notre statut en question parce qu'à l'époque on était non-médecins, médecins et qu'on n'avait pas envisagé au départ que des non médecins puissent pratiquer. Mais petit à petit, les femmes, à force de participer à l'avortement, d'accompagner de elles finissaient par très bien connaître cette méthode, par se rendre compte qu'elle était simple. Il suffisait de l'apprendre.

00:18:43 - 00:22:29
Annie Chelma: Mais on a appris à s'examiner nous mêmes, on a découvert nos col de l'utérus que l'on avait jamais vu, comme la plupart des femmes ne le voient jamais. C'est notre propre intérieur et on ne le connaît pas. On a pas d'image de ce que c'est. C'est tout à fait incroyable qu'on accepte ça. Et donc on a appris à s'examiner, on a appris à examiner les glaires du col, qui donnent une bonne indication sur la période de fertilité ou pas, dans laquelle on est, à repérer des infections,... On a appris à poser des stérilet et je me souviens du jour où je me suis posée moi même, avec l'aide des copines bien sûr, mon stérilet. On a appris à mesurer l'âge d'une grossesse au toucher pour les femmes qui venaient nous voir pour être avorter. Il y a eu d'abord ça, le fait de découvrir et de s'approprier un savoir confisqué depuis très longtemps et de se sentir du coup tellement plus responsable de nous même. Oui oui, c'était un projet qui faisait sens pour chacune d'entre nous. Les chemins étaient différents. Il y avait parmi nous des femmes qui étaient des militantes politiques avant, souvent maoïstes d'ailleurs dans divers groupuscules maos puisqu'il y en a, il en a fleuri beaucoup dans les années 70 et qui avaient quitté ces mouvements parce que c'était des mouvements qui se payaient de mots. On parlait beaucoup, on écrivait beaucoup, mais on n'agissait pas sur le réel. Et puis aussi parce que c'était des mouvements où globalement quand même, c'était les hommes qui parlaient et les femmes faisaient le café, tirer les tracts et les distribuaient. Et donc ces femmes étaient venues avec un fort besoin d'agir. Et c'était aussi ma démarche d'avoir envie de prendre prise sur le réel et de ne pas être simplement dans le discours. Et puis il y avait le sentiment d'être ensemble. C'était tout à fait extraordinaire d'être une équipe de cinq et de savoir qu'on ne pouvait rien faire les unes sans les autres et qu'ensemble, on était capable d'énorme réussite, de découvertes, d'apprentissages. Ce sentiment de puissance et de force collective qu'on a eu, c'est finalement aujourd'hui ce qui me manque le plus. C'était terrible de le quitter. Parce qu'on avait découvert que quand on est ensemble, rien ne nous arrête et que ce que l'une n'ose pas faire, l'autre le réussit et que l'encouragement de l'autre donnait de la force. Un jour, il y a une des filles du groupe. On a été interviewé par une journaliste, je ne sais plus du tout, c'était peut être Libération encore. Et cet ami a dit à la journaliste : " Moi je pratique parce que le moment où on fait un avortement, c'est le moment où on est le mieux avec les copines." Et la journaliste a levé les yeux au ciel en nous prenant pour des irresponsables. Elle n'a pas compris que ce qu'on voulait dire, c'est que réussir ensemble à faire ce que les autres ne font pas et à aider une femme pour qu'à la fin elle soit soulagée du problème qu'elle avait en arrivant et que ça finisse autour d'un thé avec des petits gâteaux et des bavardages, et que ça ne soit ni un drame, ni un problème insoluble. C'est incroyable d'avoir fait ça, j'allais dire une fois dans sa vie, mais je l'ai fait plus d'une fois. Il y avait des groupes américains et ça s'appelait le self help. Je trouve ces mots très puissants. C'était vraiment s'aider soi même en tant que femme et aider les autres femmes en tant que femmes. Et cette force des femmes, quand elle se lève, elle, elle transforme le monde.

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Irene Jouannet: Le slogan du MLAC, c'était une phrase de William Reich qui disait On ne mendie pas juste droit, on se bat pour lui. Pour moi, cette phrase c'était tellement l'essence de ce mouvement. Et à force de me battre, moi qui étais plutôt réservé, timide, j'ai découvert que j'étais capable d'avoir de l'aplomb, d'entraîner des gens, que je pouvais parler sur ce que je faisais pas. Je parlais pas en public, j'étais timide quand même, et ça m'a changé. Au point que par la suite, je me suis lancé dans le cinéma. Je suis passé de standardiste, réceptionniste à réalisatrice. Donc c'est un vrai changement. Et je dis ça, je dis souvent que j'aurais peut être pas fait de cinéma si je n'avais pas acquis cette confiance en moi que j'ai découverte à travers l'action militante.

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Annie Chelma: Moi, ce qui me reste surtout, c'est le grand chagrin que j'ai eu au moment où on a arrêté. J'étais convaincu qu'il fallait arrêter comme les autres. Et ça a été une de mes gloires qu'on ait commencé ensemble et qu'on décide d'arrêter ensemble. Parce que pendant les années militantes, il y a beaucoup de groupes qui se sont dissous en laissant des désespoirs sur le carreau. Quand la Gauche prolétarienne s'est dissoute, il y a eu des suicides de gens pour qui ça donnait un sens à leur vie. Et puis, du jour au lendemain, les dirigeants dissolvent et on se retrouve tout seul. On perd cette force. Et il y a des gens qui en sont morts. Nous, on a décidé tout ensemble et je trouvais ça magnifique qu'on ait commencé ensemble et arrêté ensemble. Mais en même temps, j'avais le sentiment de perdre, de perdre du pouvoir, vraiment du pouvoir sur le monde, le pouvoir d'aider les autres, le pouvoir d'agir sur le réel et après la vie professionnelle que j'ai eu était très heureuse, mais jamais, jamais à ce point. J'ose pas dire efficace mais efficiente, agissante. Oui, on avait fait ce qu'on voulait, on était aussi au bout d'un chemin. Mais non, je ne dirai pas que j'ai que j'avais obtenu ce que je voulais. Ça m'a énormément enrichi pour la suite, évidemment. J'ai demandé à des médecins qui avaient pratiqué pendant le MLAC est ce que ça a changé le médecin que tu es aujourd'hui? Et ils m'ont répondu : " Comment veux tu que je le sache? Ça m'a forgé. J'y suis allée parce que je ne voulais pas être un médecin comme ceux de l'époque et j'ai fait de mon mieux. Mais je ne peux pas dire ce que j'aurais été sans ça." Moi, c'est pareil. Je sais que ça m'a forgée, formée, rendue consciente de mes forces surtout, et des forces qu'on a toutes mais mais qu'on peut mettre en œuvre et qu'on ne le fait pas toujours. Mais j'ai eu assez peu d'occasions de revivre cette énergie collective qui va jusqu'à renverser la table, renverser le monde et le transformer.

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Extrait de la chanson des Dégommeuses Dégage Dégage !: L'Assemblée nationale. Et patriarcat. La langue a changé de camp. Pour vous, n aller sans retour. Dégage! Dégage! Dans dix ansça va péter votre discours. Dégage! Dégage!

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Annie Chelma: Nous même quand on s'est revu une dizaine d'années ou une quinzaine d'années après, j'ai eu envie de réunir de nouveau ce groupe du MLAC, place des Fêtes, parce que j'avais envie qu'on écrive ensemble ou qu'on écrive chacune l'histoire de cette expérience extraordinaire pour qu'elle soit transmise, qu'elle ne soit pas oubliée. Et une des premières choses qu'on s'est dite quand on s'est revu, c'est que finalement, depuis ses quinze ans, on n'en avait plus jamais parlé. Et c'est le cas aussi dans les autres luttes. Il y a eu une période de silence sur les combats militants collectifs des années 70 qui ont qui a duré jusqu'aux années 90, voire 2000. Et d'ailleurs, j'ai rencontré de jeunes féministes qui m'ont accusé et qui m'ont dit : " Mais c'est vous qui n'avez pas transmis. Nous, on a été obligé de tout réinventer." Pourquoi ça s'est passé comme ça? Je pense qu'effectivement il y a une période politique qui avait changé. Je pense que l'arrivée de Mitterrand au pouvoir, c'est à dire que le fait que la gauche arrive pour la première fois au pouvoir depuis plus de 40 ans, ça a donné à la fois de l'espoir et une démobilisation. C'est à dire que les gens ont recommencé à croire que les partis politiques pouvaient changer le monde tout seul, alors que je reste persuadé que c'est faux, qu'il faut des combats sociaux. Moi, je continue à croire à l'importance des syndicats et des partis politiques parce qu'il faut des corps intermédiaires. Dans toute société, il faut fédérer la parole, il faut des porte parole, il faut des gens qui soient mandatés pour parler au nom des autres. Mais je pense que s'il y a plus rien sur le terrain social, sur le terrain de la vie quotidienne, les partis ne peuvent rien faire sans le peuple. Et c'est cela qui s'est arrêté pendant très longtemps. Finalement, on est retourné à une vie quotidienne beaucoup plus classique. Moi, je me suis marié, j'ai eu des enfants avec quelqu'un que j'avais rencontré au 46 rue du Pré-Saint-Gervais. Donc dans ces grandes années, on n'a jamais oublié où on s'était rencontré, mais on a replongé dans un autre quotidien. Et donc ce n'est que maintenant que je vois je peux même pas dire une résurgence, une renaissance de collectifs sous d'autres formes qui appartiennent à la jeunesse, qui ne sont pas celles qu'on avait. Et pour moi, le film Annie Colère, c'est un vrai bonheur qu'il existe. C'est tout à fait le symbole de ce que je suis en train de dire. La réalisatrice Blandine Lenoir est née en 1973, l'année où on a créé le MLAC. Elle a 50 ans cette année, elle n'a rien vécu de tout ça. Mais elle l'a découvert et elle a trouvé que c'était suffisamment important pour le transmettre et remettre ces informations dans le débat public et pour que les jeunes femmes sachent d'où viennent leurs droits et qu'elles réalisent à quel point ils sont fragiles. C'est sûr, et ça, elles le savent. Au moins depuis que la Cour suprême américaine a annulé le droit à l'avortement pour toutes aux USA. Ça a été un grand choc. Mais qu'elle sache aussi que nous aussi on a vécu ça, la période où on ne pouvait pas et qu'on a rendu l'avortement légal et possible. Qu'elle réalise qu'en se mobilisant ensemble, on a une force invincible.

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Irene Jouannet: La question de la comparaison du féminisme années 70 et d'aujourd'hui, c'est un peu compliqué. Alors je vais commencer par dire que moi, en 2017 je crois, j'ai commencé à raconter ma propre épopée au sein du MLAC, mais c'était avant le scandale Weinstein et je m'étais dit mais c'est quand même triste, le féminisme est mort. On s'est battu et à la suite de ce qu'on a acquis, il n'était pas bon de dire qu'on avait été féministes. C'était mal vu. C'est-à-dire que le pouvoir masculin avait repris le pouvoir. Petit à petit, insidieusement, il avait repris le pouvoir et on entendait souvent dire non, je ne suis pas féministe, mais où les femmes avaient honte de dire qu'elles avaient été féministes. Une certaine honte. Et puis je voyais aucune revendication et je me disais c'est quand même. Ben voilà, c'est comme ça, c'est retombé. C'est dommage, mais c'est comme ça. Et puis il y a eu l'affaire Weinstein, il y a eu Metoo et tout à coup il y a eu un renouveau de du féminisme un peu partout dans le monde, mais en France. Et je me suis dit ça y est, c'est reparti! Alors c'était une autre forme de féminisme parce qu'il y avait des acquis sur la contraception et l'avortement. Même s'il reste beaucoup à faire. Et d'autres sujets étaient enfin abordés. Des questions qui quand j'y repense aujourd'hui, je me dis mais comment ça se fait que ça n'a pas été abordé plus tôt? La violence, la violence sous toutes ses formes, la violence masculine. On avait, qu'on a de tout temps intériorisé. Je ne parle pas seulement des viols, je parle de la peur de l'homme et la peur d'être seule dans un dans un ascenseur, la peur de rentrer seule le soir, la peur de se faire agresser, la peur de l'autre genre et de sa violence. Comment ça se fait qu'on ait pas revendiqué plus tôt? Enfin, ça a émergé. Pour moi, c'est extraordinaire. Après, il se passe beaucoup de choses. Certaines me semblent un peu excessives, mais je sais que l'excès fait partie de l'histoire. Il n'y a pas, il n'y a pas de victoire sans excès dans les luttes. Ce que ce sont des luttes à la fois collectives et intimes. Et ce que je me dis, c'est qu'il ne faudrait pas que l'intime devienne la seule raison d'être des mouvements et qu'il ne faudrait pas oublier le collectif. Parce que évidemment, il y a beaucoup à faire et à dire sur l'intime, mais le collectif c'est important, c'est capital. Voilà. Mais alors, l'une des questions que je me pose aussi, c'est évidemment je sais que le MLAC a bénéficié de conditions particulières, que ce soit le contexte socio économique, politique de la France. À l'époque où on sortait des 30 glorieuses, il y avait pas vraiment de chômage. Le MLAC a bénéficié de conditions particulières parce que sa lutte concernait tout le monde, femmes et hommes. Je dis bien parce que les maris et les copains, il était aussi quand même un peu concernés. Donc on avait le vent en poupe, on avait l'opinion publique pour nous, même si on avait des ennemis qui s'activaient, mais on avait le vent en poupe, puis c'était dans l'air. Euh. Donc on pouvait se permettre de faire des actions spectaculaires qui avaient pour but de mobiliser les médias et qui, qui plus elles étaient spectaculaires, plus elle mettait le gouvernement mal. Et on faisait des manifestations, on faisait savoir qu'on faisait des avortements, enfin on provoquait. On avait occupé un hôpital pour pratiquer un avortement dans une salle de l'hôpital. Les voyages avaient été très très très répercutés dans la presse. Enfin bon, euh, on faisait de la désobéissance civile, ce qui est un mot très important encore aujourd'hui, sachant que on avait. Il est un très bon espoir de gagner. Aujourd'hui, la question que je me pose, c'est quelles sont les formes à inventer de désobéissance civile qui pourraient être efficaces? Mais il est vrai que le féminisme fait parler. Toutes les revendications féministes font parler en ce moment beaucoup. Il ne faut pas non plus que je minimise ne serait ce que ce que font les colleuses c'est formidable et en ce moment il y a beaucoup de choses qui sont faites, mais moi je sais que pour obtenir des avancées, il faut à un moment inverser le rapport de force. Et d'une certaine fermeté.

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Léane Alestra: Oui, parce que toi tu me disais la dernière fois. Oui, bon, c'est bien les manifestations contre la réforme des retraites, mais est ce que ça fait peur au gouvernement?

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Irene Jouannet: Ben moi je suis étonné de voir que le gouvernement félicite les syndicalistes de savoir manifester dans le calme et dans l'ordre. Je me dis finalement, ils ont ils ont cédé aux gilets jaunes parce que les gilets jaunes ont tout cassé. Euh alors je prône pas cette violence mais je me rende compte que que la revendication calme n'a jamais apporté grand chose, donc. Le MLAC n'a pas utilisé la violence, il a utilisé la société de spectacle et je m'interroge. Si j'avais des réponses, ça se saurait parce que je le ferais savoir. Bref quelles sont les actions qui exciterait les médias peuvent aujourd'hui être inventées ?

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Annie Chelma: Je crois que l'histoire des femmes, c'est un éternel recommencement. Je suis sidéré de voir que qu'on retrouve sur les réseaux sociaux des femmes qui prônent la femme à la maison, qui attend son petit mari, qui rentre du travail et que c'est l'épanouissement absolu de ne pas travailler, de porter un petit tablier, de vivre comme vivaient nos arrières grands mères. Je trouve ça délirant qu'il y ait encore que ça, qu'on puisse avoir envie de ça. Je pense que la plupart des jeunes femmes, heureusement, ne sont pas du tout dans cette dynamique. Je vois mes filles, elles sont féministes. De naissance, j'allais dire, mais pas parce que je leur ai transmis. Oui, c'est sur que je leur ai transmis, mais aussi parce qu'autour d'elles, les revendications d'égalité salariale, de partage des tâches dans le couple quand on est en couple, de de s'occuper ensemble des enfants quand on quand on les a fait à deux, ça va de soi, ça n'est même plus des revendications, c'est pas des récriminations, c'est une exigence naturelle. On a vécu dans un monde où la lutte des classes était le premier combat. Pour tout le monde, pour nous aussi. Et on a vécu en 68, en particulier parce que c'est là qu'on l'a le plus violemment ressenti. On nous disait oui, oui, les femmes, ça sera pour plus tard. D'abord la révolution. Et c'était constant, c'était partout. Ce discours était dominant et je crois qu'il le reste. On vit dans un monde dominé par les hommes depuis la nuit des temps. Et leur leur catégorisation du monde. Ça n'est pas une catégorisation homme femme puisqu'ils ont le pouvoir. Les puissants ne voient jamais le destin qu'ils affligent aux minorités opprimées ou à la majorité comme comme c'est le cas des femmes. Les dominants ne peuvent pas comprendre ce que vivent les dominés. Je crois que c'est un peu une loi absolue. Il y a que les dominés qui peuvent, en se levant, en revendiquant, en gagnant changer les choses. J'allais dire montrer, mais non, non, les partis politiques classiques ne peuvent pas comprendre à quel point c'est par la minorité qu'on change le monde, c'est par les opprimés en les sortant de leur oppression qu'on commence la route vers la démocratie. Et ça, hélas, je crois que chaque génération doit refaire ce chemin. Moi j'espérais que comment dire que que c'était comme un venin qu'on avait, qu'on avait mis dans la société, que tout le monde savait que le slogan du MLAC qu'on ne ne mendie pas un juste droit, on se bat pour lui, qui était tellement fort il allait irriguer la société entière. Et non, Je me rends compte que les gens ont perdu l'habitude de se battre pour leurs droits. Ça revient sporadiquement, ça revient parfois très puissamment, comme en ce moment sur la réforme des retraites. Mais à chaque génération, ça retombe. Et peut être que c'est ça l'histoire de l'humanité, qu'il faut à chaque génération réapprendre ce chemin qui mène vers la force collective et et que ça va recommencer. Sur un autre sujet dont je n'ai même pas idée aujourd'hui, peut être peut être pour sauver l'humanité de la crise climatique et du changement climatique qui la condamne aujourd'hui. J'espère que les jeunes vont réussir à bousculer ce destin terrible comme on a fait pour le nôtre à l'époque.

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Léane Alestra: Ce documentaire audio de Mécréantes est à présent terminé. Merci à la journaliste Mélissandre Bry avec qui cet épisode a été monté et co-réalisé. Merci à Irène, Annie et Brigitte pour votre confiance et votre récit. Si ce podcast vous a plu, n'hésitez pas à mettre cinq étoiles sur Spotify ou Apple Podcast et à me rejoindre sur Patreon. Le lien est en description. À bientôt.