Mécréantes

Sportivement queer ! 1/2

January 02, 2023 Léane Alestra Season 2 Episode 4
Mécréantes
Sportivement queer ! 1/2
Show Notes Transcript

Le sport est censé prôner des valeurs d’inclusion et une dimension collective mais dans les faits… qui peut pratiquer un sport sereinement ? Ce documentaire audio en deux volets reviens sur l’histoire du sport d’un point de vue genré et balaye les problématiques liées au sexisme et aux LGBTQIA+ phobies qui balayent encore ce champ. 
Bonne écoute !


👩‍🏫 INTERVENANT· E· S :

SOURCES DES EXTRAITS : 

DOCUMENTATION :

COMMENT SOUTENIR L'EMISSION ?

  • N'oubliez pas de mettre 5 étoiles sur Spotify ou Apple Podcast si l'épisode vous a plu. 
  • Par ailleurs l'émission est intégralement financée par ses auditeurices. Pour cela, Mécréantes a besoin d'un mimimum de 300 abonnements mensuel sur Patreon. Chaque mois, les coûts engendrés par ce projet sont l'équivalent d'environ 300 abonnements sur Patreon c'est donc le seuil minimum dont je dépends pour continuer. 

Rejoindre Le club Patreon c'est par ici

00:00:00
 Léane: Il y a quelques semaines, on m'a annoncé que j'avais un syndrome des ovaires polykystique. Comme une personne ayant ses règles sur douze, ça me provoque un déséquilibre hormonal qui altère mes cycles menstruels, les rend douloureux et fatiguant. Cela peut aussi causer de l'acné, une pilosité accrue, des changements de poids et altérer la fertilité. Chez moi, c'est causé par un taux de testostérone supérieur à la moyenne. J'ai ainsi appris que du fait de ce syndrome, je ne suis pas considérée comme une femme par les institutions sportives. Apparemment, ce trouble me provoquerait un avantage biologique. Oui, oui. La blague! Moi qui dans ma jeunesse a fait plusieurs championnats de France qui ait failli faire sport études. Si j'avais persévéré, j'aurais peut être dû arrêter malgré moi les compétitions ou prendre un traitement pour diminuer mon taux de testostérone.

00:00:55
 Extrait sonore: Si elles veulent prendre part à des compétitions internationales allant du 400 mètres au 1000, les athlètes hyper androgènes devront d'abord faire baisser leur taux de testostérone à cinq nano moles par litre pour une période de six mois et maintenir ce taux à ce niveau.

00:01:11
 Léane: On m'aurait donc imposé des médocs cancérigènes et augmentant considérablement le risque de dépression simplement pour rentrer dans des normes. Mais alors pourquoi les athlètes féminines sont cantonnés à prouver, tests à l'appui, qu'elles ne dépassent pas un certain taux de testostérone? Pourquoi les hommes peuvent ils concourir? Peu importe, c'est leur taux de testostérone est anormalement élevé et pas les athlètes qui concourent dans la catégorie féminine. D'où ça vient? Si ce que l'on nomme les tests de féminité remonte à l'Antiquité, c'est en pleine guerre froide qu'ils deviennent obligatoires. En 1966, ils apparaissent aux championnats d'Europe d'athlétisme car les Etats-Unis accusaient des athlètes originaires d'Union soviétique ou d'Europe de l'Est d'être en réalité des hommes. La raison? Elle était trop forte pour être des femmes. Depuis ans, un test fréquent chez les sportifs de haut niveau en 2009, de l'athlète Sud-Africaine Caster C. Mania est elle aussi accusée par la Fédération de ne pas être une femme en raison, je cite, d'une carrure masculine. On lui trouve alors un taux de testostérone plus élevé que la moyenne. Pour rappel, tout humain produit de la testostérone et cette hormone augmente en fonction de notre pratique sportive. Plus on pratique du sport, plus le taux augmente. D'un autre côté, comme nous le verrons dans la deuxième partie de ce documentaire, les athlètes masculins au corps, eux, complètement hors norme, à l'instar de Michael Phelps, sont acclamés au rang de semi dieu vivants. Bref, ces Maya refusent de prendre le traitement qui lui est imposé et est ainsi privé de son titre mondial sur le 800 mètres.

00:02:57
 Extrait sonore Caster Semenya: Je ne suis pas une idiote. Je ne prendrai pas de médicament. Je suis une athlète propre. Je ne triche pas à qu'il s'occupe plutôt du dopage. Eh ben en fin de compte, je suis une femme. Si vous voulez catégoriser, alors catégoriser ça ne veut pas dire grand chose pour moi. Mais au bout du compte, je suis une athlète, je réalise des performances et je m'entraîne dur chaque jour.

00:03:20
 Léane: Après une polémique mondiale et de nombreux rebondissements. Elle fut réhabilitée faute de preuve du fait qu'elle aurait un avantage biologique sur ses concurrentes. En 2015, le Tribunal arbitral du sport décide de réhabiliter une autre sportive du Dutee Chand, jugeant que son taux de testostérone n'est pas un motif suffisant pour l'interdire de compétition sportive. Durant ce procès, le tribunal demande à la Fédération internationale d'athlétisme d'apporter les preuves scientifiques démontrant l'impact sur les performances sportives d'un taux élevé de testostérone naturellement présente chez les femmes. La Fédération internationale d'athlétisme n'a pas pu à ce jour le démontrer et aucune preuve scientifique n'atteste d'un lien formel entre testostérone et performance sportive. En réaction à cette ambiance de suspicion et de contrôle, les femmes vont en réponse jouer une hyper féminisation, c'est à dire se maquiller durant l'épreuve, garder des bijoux. Parfois ces cheveux longs, détachés, etc. C'est d'autant plus le cas chez les athlètes noirs du fait que les critères de féminité dominants sont pensés depuis des normes occidentales racistes. Des athlètes féminines vont aussi éviter, par exemple, de développer musculairement certaines parties de leur corps, ce qui bien évidemment altère leur performance. À ma petite échelle de sportive, j'en ai vu plus d'une arrêter de s'entraîner par peur de paraître trop masculine. Ce n'est pas tout. Comme le souligne le journaliste Time, des stats. En juin 2022, la Chambre des représentants de l'Ohio a adopté une proposition de loi autorisant l'examen des parties génitales des filles soupçonnées de ne pas être des filles afin d'interdire l'accès aux compétitions sportives pour les personnes trans. Cela signifie que sur simple demande les culottes de toutes les petites filles dès six ans, oui, oui, dès six ans pourront être examinées qu'elles soient six outrances. Une procédure clairement abusive qui fait donc repartir les États-Unis dans les années 50, où ces mesures étaient déjà de mise au Royaume-Uni. Mais alors pourquoi toutes ces mesures et autant de suspicions dès qu'une sportive excelle? Serait ce pour préserver une forme de statu quo afin d'éviter que des athlètes féminines deviennent aussi fortes que les hommes? Au regard de l'histoire du sport. On sait que ce champ a toujours été un bastion de masculinité. Le sport a longtemps joué un rôle d'école de la masculinité. Voici ce que disait en 1935 Pierre de Coubertin, le père des Jeux olympiques et modernes Je conçois.

00:06:04
 Extrait Pierre Coubertin: L'olympisme moderne comme constitué en son centre par une sorte d'altitude morale où sont réunis, pour affronter leur porte, les concurrents des sports virils par excellence, des sports qui visent la défense de l'homme, sa maîtrise sur lui même, sur le péril, sur les éléments, sur l'animal, sur la vie. On doit conclure que le véritable héros olympique est à mes yeux l'adulte mâle individuel.

00:06:33
 Léane: Quant au sport féminin, il devait mettre en exergue des qualités que la société attribue aux femmes, comme la souplesse, l'élégance ou l'agilité.

00:06:42
 Extrait Pierre Coubertin: Je n'approuve pas personnellement la participation des femmes à des concours publics, ce qui ne signifie nullement qu'elles doivent s'abstenir de pratiquer un grand nombre de sports, mais sans se donner en spectacle. Aux Jeux olympiques, leur rôle devrait être surtout, comme aux anciens tournois, de couronner les vainqueurs.

00:07:04
 Léane: Merci Pierrot, vraiment super. Les femmes pouvaient donc pratiquer des activités sportives à condition que celles ci restent discrètes. Elles comportent une dimension esthétique aux yeux d'un public masculin. Dans un sens plus large, on apprend dès l'enfance aux petites filles à limiter leurs mouvements dans l'espace. Or, si un enfant ne développe pas une capacité, il la perd. Les filles sont donc retenues dans leur mouvement quand les garçons sont poussés à explorer, bouger et prendre de la place. Pour caricaturer à peine un petit garçon, c'est normal qu'il court partout et on va lui laisser le terrain de foot immense à la cour de récréation quand les petites filles, elles, sages comme des images, se contenteront de la périphérie de la cour de récré. L'histoire du sport nous démontre aussi que bien des disciplines furent interdites aux femmes, officiellement pour les préserver de la virilité. Mais dans les faits, cela arrive souvent après qu'elles se soient rapprochées des performances des hommes. Dans la liste des disciplines interdites, on compte notamment.

00:08:10
 Speaker 2: Alors attention, ça va être violent.

00:08:12
 Léane: Le 800 mètres, le marathon, l'haltérophilie, le golf qui signifie gentlemen only lady forbidden, ce qui signifie gentilhomme. Seulement femmes interdites. Bon ça, c’est les on dit. En réalité l’origine étymologique du terme golf est à ce jour peu certaine. Alors on pourrait partir dans un débat pour savoir si cette rumeur transmise par les joueurs de golfs eux même depuis au moins deux siècles est vrai ou pas. On pourrait, mais avoir ce débat serait complètement à côté de la plaque et du point. Car que cette rumeur soit vrai ou non, le fait qu’elle dit été répandue durant plus de deux siècles et qu’elle soit racontée par les joueurs eux même est tout autant équivoque voir même d’avantage encore. Il y a aussi le rugby et même le foot qui, au Royaume-Uni, fut interdit plus de 50 ans aux femmes pour les punir d'avoir battu des équipes masculines devant des stades parfois remplis par plus de 50 000 supporters. Le canoë était aussi proscrit pour les femmes pour des raisons de santé, comme ce sport exige des mouvements de bassin. Les autorités médicales ont longtemps et encore aujourd'hui considéré que la pratique de ce sport pouvait causer des dommages irréversibles aux femmes par dommages irréversibles. Il faut comprendre un risque potentiel et absolument pas démontré sur la capacité de concevoir. Comme si de toute façon, vous avez bien compris, c'était le plus important. Cette excuse de la fertilité a longtemps servi à interdire des pratiques aux femmes. Enfin bref, toujours est il qu'il n'y a toujours pas de catégorie féminine aux Jeux olympiques de canoë. Je continue la liste. Le saut à ski était lui aussi interdit car trop dangereux pour les femmes. Mais pour les hommes, ça va. La boxe fut quant à elle autorisée en France aux femmes seulement en 1998. Quant à la lutte gréco romaine et la lutte libre, ce sont encore des disciplines interdites aux femmes et exercées uniquement par des hommes aux Jeux olympiques. Toujours de nos jours, de nombreuses disciplines sont interdites aux femmes qui portent le hidjab, comme dans d'autres pays. En Iran, par exemple, elles n'ont toujours pas le droit de participer aux compétitions sans. Depuis 2021, la Fédération internationale autorise désormais les joueuses de handball de plage à porter un short au lieu d'un bikini. Mais attention seulement si celui ci est moulant, court et serré, contrairement bien sûr à ceux des hommes. Les gymnastes et les joueuses de tennis, elles aussi, se battent pour avoir le droit de porter des tenues confortables qui n'entravent pas leur mouvement. Quant aux bonnets de piscine compatible avec des cheveux afros, ils viennent tout juste d'être autorisés. A cela s'ajoute que les arbitres sont toujours plus sévères avec les femmes et d'autant plus si elles sont noires, comme par exemple Serena Williams.

00:10:57
 Léane: À tout ça s'ajoute d'innombrables affaires de violences sexuelles, notamment de coach sur le l'envers.

00:11:04
 Extrait sonore: Tu apprendras plus tard que des nageurs ont prévenu les dirigeants du comportement de l'entraîneur en 2012 et 2014. Sans effet.

00:11:13
 Léane: Bref, on n'est pas sortis du pré. Et là où il y a sexisme, vous vous en doutez, il y a aussi LGBTQ. Il y a plus phobie.

00:11:20
 Extrait sonore: Nice Marseille 25ᵉ minute. Le match est bien engagé. Les chants homophobes des gens entonné, le speaker leur demande d'arrêter. Une fois, deux fois, mais pas trois. A la 28ᵉ minute, face aux banderoles homophobes déployées, l'arbitre Clément Turpin siffle la fin de la récré. Le match est suspendu pendant douze minutes.

00:11:39
 Léane: Par exemple, l'injure pédale pour désigner des hommes gais viendrait à l'origine d'un groupe de cyclistes qui ne surjouer pas la virilité et qui, de ce fait, était méprisé par les autres cyclistes. On a aussi l'exemple de la joueuse de tennis ouvertement lesbienne Aurélie Mauresmo, qui fut décrite comme moitié homme par ses concurrentes et représenté comme un gaillard ultra musclé aux Guignols de l'info pendant des années.

00:12:03
 Extrait sonore: Tennis français Amélie Mauresmo elle a battu l'Américain Lindsay Davenport et se retrouve en finale des Internationaux d'Australie. - Oui, je ne suis pas vraiment surprise. C'est la récompense d'un long travail. - Mais on vous connaît finalement très peu. Qui êtes vous? - Oh, je suis une femme comme les autres. Je fais un peu de muscu le matin, un peu de muscu l'après 12 h et généralement le soir, pour me détendre, je fais un peu de muscu. - Vous avez des loisirs, des hobbies ?- Un peu de rugby, mais ma passion, c'est les combats de Pitbull. - Ah bon? Vous organisez des combats de pitbull? - Non, non, je me bats avec.

00:12:35
 Speaker 2: Et encore aujourd'hui, les personnes lesbiennes, bi, trans, c'est gay sont accusées de faire preuve de voyeurisme quand elles se changent dans les vestiaires. Et beaucoup sont condamnées à cacher leur identité pour éviter les discriminations. Alors avec tout ça, comment traiter un sujet aussi vaste que le sport et le genre? Par où commencer? Afin de réaliser ce documentaire audio. J'ai interrogé plusieurs dizaines de personnes LGBTQIA+. Il y a plus sur leur rapport au sport. Il en ressort que les discriminations touchent toutes les disciplines, mais davantage celles qui sont fortement connotées masculine ou féminine. Par exemple, les boxeuse et judokate que j'ai interviewé m'ont décrit un climat hostile à leur présence et les hommes voulant pratiquer la natation synchronisée n'y parviennent toujours pas la plupart du temps. Quant aux athlètes gay, bi et lesbiennes de haut niveau, il y a le reste, quasiment toujours au placard. Encore aujourd'hui, pour garder leurs sponsors, ne pas vivre de situations gênantes dans les vestiaires ou les dortoirs, mais aussi pour pouvoir concourir dans des pays où l'homosexualité est toujours interdite. Alors face à la montagne que représente ce sujet, je me suis dit que finalement, c'était peut être les sportives et les sportives queer directement qui se parleraient le mieux des enjeux autour du sport et du genre. Ainsi, la première partie de cet épisode raconte cinq histoires de personnes queer sur leur rapport à leur pratique sportive. Merci à toutes les personnes qui m'ont fait confiance et m'ont confié leur témoignage. Et bonne écoute.

00:15:00
 Témoignage 1: J'ai grandie en Normandie et j'ai commencée le surf à l'âge de huit ans. Ensuite, c'est allé assez vite. Compétition départementale régionale, puis intégration de la section surf au collège et intégration d'un centre d'entraînement avec comme objectif une bonne place aux championnats de France. J'y ai passé énormément de temps. J'ai aussi travaillé dans ce club tous mes étés et heureusement que j'avais ça. Ça rythmait complètement ma vie et c'était génial. On partait en stage, en voyage. Bref, une vie de rêve quand tu es enfant ou ado. Mais c'est vrai que dans ce club, il y avait une très grande part d'homme. Ça m'est même arrivé de partir avec que des mecs, en tout cas que des moniteurs et il n'y avait aucune monitrice. Alors avant de parler de la cause LGBT, il y avait un sérieux problème de mixité et de machisme dans ce club. Je sentais sincèrement que je ne pouvais pas parler du fait que j'aimais les filles. Et même si je me dis des fois que c'était un problème plus large, sociétal, non. Dans ce milieu et encore plus dans mon club je pense, il y a un énorme souci d'inclusion. Une surfeuse doit avoir des cheveux longs, doit être belle et montrer ses fesses. Pour réussir, elle doit vendre son image plutôt que sa performance et donc être lesbienne. Pas sûr que ça plairait à l'image. Ça évolue, mais honnêtement, pas tant. Quand tu vois que les meilleurs surfeuses n'ont pas de sponsors parce qu'elles sortent de ce modèle, il y a deux surfeuses ouvertement LGBT+ connues. Je ne connais aucun Surfer Killers, il n'y a aucune représentation queer dans le surf. Il y a comme une barrière, comme si ce sport présenté comme cool n'était pas ouvert à tous. Ça me rappelle d'ailleurs un commentaire qu'une surface plutôt suivie du Sud-Ouest avait mis sous la publication d'un surfeur en disant ça existe les surfeurs gay? Un commentaire drôle entre potes apparemment, mais criant de vérité. Personnellement, j'ai longtemps porté ça sur mes épaules. Ce sentiment de ne pas pouvoir être moi, de ne pas avoir le droit d'aimer une femme, de la trouver belle et de simplement le dire plus jeune et encore un peu maintenant. Je remplissais tous les critères de la surfeuse blonde, bronzée, skinny. Et malheureusement, on m'a toujours dit Alors Clem, tu vas pouvoir te rincer l'oeil devant tous ces surfeurs au point que moi même en ayant toujours voulu aller contre ces stéréotypes, j'y ai cru parce qu'on m'a fait ressentir qu'il n'y avait que ça de possible. Pourtant, quand on grandit, on a besoin d'être soi, de se chercher, de ne pas savoir, mais surtout de ne pas se fermer à ce que la société attend de nous. Et malheureusement, j'ai du mal à pouvoir être moi. L'année dernière, j'ai passé une formation d'un an pour encadrer les jeunes de mon club. J'avais sincèrement l'envie de changer ça et d'apporter au delà du surf une nouvelle dynamique. Mais je crois que cette année, plongée dans un monde fermé d'esprit et dominé par des machos, m'a vraiment dégoûtée du surf. Vraiment, je suis partie dans complètement autre chose, j'ai changé de région et pour l'instant je surf très peu. Souvent, je me dis que c'est peut être un souci d'acceptation personnelle, mais non, c'est faux. Certes, certains enfants vont plus facilement réussir à s'assumer que d'autres, mais dans n'importe quel environnement où on grandit et évolue, on doit pouvoir être soi sans penser que ça pourrait poser problème. Donc oui, je pense que j'ai souffert de ce manque de visibilité et de reconnaissance. Et pour terminer, j'ai participé à un festival de surf queer à Biarritz en septembre, le Queen Surf Classic Festival qui a pour but de mettre en avant la communauté LGBT dans le surf. Et ça fait plaisir de voir d'autres personnes partager ce point de vue. Même s'il y avait peu de surfeurs connus, ça avance quand même.

00:18:06
 Témoignage 2 : Laure: Je m'appelle Laure je suis actuellement manager dans une entreprise dans le 91 et puis j'ai une femme trans et lesbienne et ça fait six ans que j'ai fait mon coming out. Maintenant, j'essaie d'être assez active sur la question des transidentité, etc. Que ce soit dans mon ancien travail avec pas mal de vidéos et podcasts que j'ai pu réaliser et aussi grâce à bien sûr, mais grâce à mon ancien travail, à tout ce que j'ai pu réaliser, les podcasts, les vidéos, etc. Et puis et puis il y a aussi, et grâce au concours Miss Tit France où je suis arrivée deuxième dauphine. Donc ça c'est une petite fierté récente. On a un peu le parcours tout de temps en temps, j'aime bien écrire quelques textes, etc. J'aime aussi jouer aux jeux vidéo, je suis joueuse et j'aime aussi beaucoup la musique. Donc quand je me déplace, j'ai tout le temps de la musique sur moi. Ouais, une artiste qui se qui se cache peut être, je sais pas. Alors en terme de sport, j'ai pratiqué pendant presque dix ans du basket à peu près, donc au début c'était juste niveau collège avec l'école etc. Et après j'ai décidé de passer en club, donc toujours à côté de chez moi et on était en niveau départemental et derrière c'était avant ma transition un que j'ai, que j'ai pu faire du basket etc. J'avais un niveau moyen on va dire. Je sais que j'ai pas la plus forte, je suis pas celle qui va marquer le plus de paniers, mais je suis celle qui défend le mieux. Donc au final, le coach, il savait quand il me rentrait, pourquoi il me mettait sur le terrain. J'ai toujours eu un rapport au sport comme quelque chose de libérateur, quelque chose qui m'aide à vraiment tout lâcher, tout relâcher quand j'en ai besoin. Je suis quelqu'un d'assez hyper actif, donc il faut que je pousse tout déverser dans le sport. Et puis après j'ai eu ma transition, donc j'ai un peu totalement stoppé le basket. Déjà un petit peu à cause du fait que le regard des gens, ça m'a un peu bloqué sur le fait de continuer dans le même club. C'est pour ça que j'ai préféré totalement arrêter. Je me suis faite mal à la cheville donc je me suis dit hop, fin de carrière, Voilà. Donc ouais, je pouvais passer pro et ligament croisé du poney, non? Bref, petite. Blague à part, non, clairement, c'est grâce à ce pain. J'ai pris cette excuse pour arrêter totalement le sport et le basket. Tout ce à quoi je me suis inscrite grâce à une amie à moi qui m'a beaucoup poussé à la salle, à la salle de sport. Comme ça j'essaie d'y aller tous les week ends, etc. Avec elle même après une semaine, trois fois par semaine. Donc c'est aussi un bon échappatoire. Et quand je m'y suis inscrite, je m'y suis inscrite en tant que madame là bas, puisque j'étais une femme, j'avais commencé ma transition et cetera, et mon rapport au sport, il a un peu changé avec ma transition parce que c'est vrai que t'as ce sentiment un peu parfois de dire est ce que je suis vraiment à la bonne place et est ce que je peux être ici en fait? Et c'est vrai que dans les débuts, quand j'étais, quand j'étais à la salle, je n'osais pas trop aller dans dans le vestiaire, dans le bon vestiaire en fait. Donc il y a ça aussi qui était très difficile parce qu'il y avait le regard des gens. Je me disais Ah mais comment les gens ils vont réagir? Donc je me suis pas mal. C'était très difficile. Et puis un jour, j'y suis allée avec. Avec cette amie qui Marion, avec qui j'ai toujours de très bons contacts. Et cette fille elle me dit mais viens avec moi parce que t'es une femme quoi donc viens te changer avec moi dans le bon vestiaire et puis je dis d'accord. Et puis depuis ce jour là, tout de suite j'allais où il faut quoi. Et derrière, c'est vrai qu'il y avait toujours ce regard des gens qui était un peu compliqué parce que je me sentais parfois épiée. Et puis comme c'était le tout début de ma transition, j'avais l'impression que tout le monde me regardait en fait. Et ça c'est très dur parce qu'on se dit les gens ils vont mal penser, enfin ils vont pas comprendre en fait. Et derrière. Mais il y a un jour, je suis allée à la salle de sport et il y avait il y avait une femme qui n'arrêtait pas de me regarder, des regards un peu indiscret, un peu de loin. En me voyant dans le vestiaire des femmes, je sentais que c'était un peu oppressant et à un moment donné, il y a un des coach de la salle qui est venu me voir et qui me dit Excusez moi, mais il y a une femme qui vous a vu dans le vestiaire des femmes. Pourquoi? Et je lui ai dit parce que je suis une femme en fait. Voilà. Et donc après il a été rechercher dans ma dans mon dossier effectivement. Ben oui, moi non, même si mes papiers ne correspondaient pas encore bien à l'époque. Après ça, c'est un autre sujet, tout l'administratif très compliqué. Après, je n'avais plus besoin de me torturer l'esprit avec, aller au basket et ne plus avoir envie d'y aller. Parce que c'est vrai que je me sentais plus à l'aise avec l'équipe dans laquelle j'étais au final. Genre j'étais en mode qu'est ce que je fais là? Voilà hein. Coucou, c'est pas moi hein! Donc je me suis dit d'accord, j'arrête le basket et puis je renouvellerai pas comme je me suis blessée en mai. Donc fin de la saison donc ça va et c'est juste en septembre. J'ai pas du tout renouvelé. On m'a demandé le coach tu reprends l'année prochaine? J'ai dit non, je peux pas à cause de mes études, C'est aussi une excuse. Donc je me dis ouais, je vais être prise par les études etc etc. Au final, j'aurais pu faire du basket, mais derrière j'ai préféré arrêter et comme ça moi je me suis focus et sur mes études et sur mon travail et sur ma transition. Donc j'ai un peu abandonné le basket pour ça.

00:22:42
 Léane: Et aujourd'hui à la salle, comment ça se passe? Je sais que perso j'ai pas mal d'amies qui ont arrêté d'aller à la salle de sport ou qui se concentrait pour se muscler que certaines parties par peur de paraître trop masculine. Est ce que c'est des dilemmes auxquels tu as été confrontée toi aussi?

00:22:59
 Témoignage 2 : Laure: Oui, parce que en plus de ça, même si j'ai les hormones, ben je y toujours la mémoire musculaire etc. Donc qui intervient, bien sûr, il ne faut pas l'oublier. Et donc c'est pour ça que c'est d'autant plus compliqué en fait de trouver un programme adapté pour moi. Je l'ai toujours pas trouvé, je cherche encore je crois, mais en fait avec l'amie avec qui j'allais, je prenais le même programme qu'elle. Moi c'était juste essayer de me maintenir et elle c'était vraiment perte de poids pour essayer d'être vraiment musclé et derrière on essayait d'adapter en fait les deux, les deux programmes pour que moi ça m'aille et elle aussi donc elle allait le faire en mode prise de masse. Moi je vais le faire en mode perte de poids. Enfin on essaye de régler sur ça, de réguler et et derrière j'arrivais à quand même trouver mon compte, ça me libérait aussi. Après il y a eu en 2020 confinement en plus de ça opération, donc derrière c'est pareil. J'ai un peu beaucoup arrêté la salle de sport donc j'ai repris du poids. Il faudrait que j'en perde et ça c'est pareil. C'est un peu dans mes objectifs bientôt de reprendre vraiment sérieusement.

00:24:06
 Léane: Et ça te manque pas le sport collectif?

00:24:09
 Témoignage 2 : Laure: Si si si, parce que je suis une team Spirit, j'ai besoin d'une équipe. Voilà, c'est comme ça que je vois le sport, c'est ensemble qu'on avance ensemble, qu'on gagne, c'est ensemble aussi qu'on perd. Voilà, le basket me manque énormément, ça c'est clair et net. Mais je ne sais pas si je pourrais reprendre parce que le niveau que j'aie eu n'est plus le même qu'à l'époque. Et derrière, il faut aussi que je puisse trouver une équipe féminine qui puisse accepter parce que ça aussi c'est pas simple. Donc maintenant que maintenant que nous apparaît vraiment féminine au quotidien, etc. Peut être que je peux juste passer dans une équipe féminine sans forcément parler de mon passé. Mais j'avoue que je n'ai jamais fait du loisir parce que c'est vrai que bon, j'ai toujours été niveau départemental donc j'ai jamais été plus loin qu'après. Et je sais que les Par contre les féminines de l équipe où j'étais, c'est une équipe qui est très. Qui joue au niveau national trois. Donc en fait, j'ai essayé de faire des tests avec elle. J'y suis pas retournée parce que j'ai dit ah ouais non ça pas du tout. Mon niveau à moi quand même, c'est pas la même chose. C'est vraiment un autre monde. Mais c'est très formateur. Par contre. Oui, après ça donne envie de se démonter, mais elles ont un niveau vraiment pfff. Et elle, elle faisait des concours pendant les entraînements pour bloquer le panier, c'est à dire tellement elle mettait les paniers. Le but c'était de mettre le plus de ballon dans le panier en même temps pour que ça bloque le panier avec tous les ballons dedans. Et elle y arrivait tout le temps. Voilà, elle était incroyable. Genre voilà les braqueuses, c'est peut être pas quand même, mais.

00:25:38
 Léane: Si aujourd'hui il y avait une équipe de basket inclusive pour toutes les personnes LGBT, est ce que tu penses que tu irais ?

00:25:46
 Témoignage 2 : Laure: J'irai, même si c'est même 600, même si c'est mixte. Moi je dirais Issa, y a pas de soucis. Une équipe qui prônerait la diversité et tout ça. Surtout avec tout ce qui se passe dans le sport actuellement. On ne va pas parler de cette aberration qu'est la Coupe du monde, mais bon, ça c'est un autre sujet. Mais voilà, une équipe vraiment plus LGBTQ, il y a plus un moi, il n'y a pas de soucis. J'y vais quoi, Je m'inscris! Mais bon, après ça c'est d'autres sujets à plus compliqué je pense. Parce que le but c'est pas non plus qu'on se marginalise et qu'on reste dans notre communauté, c'est aussi qu'on puisse vivre, vivre tout simplement en fait avec les mêmes droits, tout le monde et sans forcément avoir à être, je porte le drapeau. Enfin voilà, à un moment donné, faut pouvoir être juste dans la vie et c'est très compliqué je pense pour sur beaucoup de points, sur beaucoup de sujets. Voilà ce que je souhaiterais après pour toute la communauté LGBTQ, y a plus dans le monde du sport, ce serait qu'on soit beaucoup plus accepté, qu'on ait les mêmes droits que tout le monde, ça c'est clair et net. Qu'on ait pas forcément à brandir un drapeau dans un stade et derrière, à un moment donné, faut juste qu'on puisse être nous même, sans forcément que ça se normalise en fait, que ça devienne pas un sujet en mode oh là là, LGBT, ouh là là, non que ça devienne normal qu'on puisse aimer qui on veut être, qui on est, qui on a envie d'être et et pour toutes les personnes LGBT, qu'il y ait vraiment de ce côté espoir dans le monde du sport, quoi que. Mais bon, après ça, ça passe aussi peut être par essayer de faire adhérer la charte de l'autre cercle, la charte LGBTQ. Il y a plus de l'autre cercle au club de sport. Donc ça aussi c'est peut être un axe qu'il faudrait. Et là tu te dis mais c'est ça qu'on veut en fait, juste avoir une équipe de gens, de d'être humain, quelqu'un quel qu'il soit. Donc voilà, après c'est un petit message d'espoir, on peut y arriver. Demain ça ira mieux !

00:27:34
 Témoignage 3: Je fais du hand en compétition à petit niveau. Depuis mes six ans, j'ai commencé à jouer dans un petit club de Dordogne jusqu'à mes 18 ans. J'ai commencé dans les années 98-2000. A l'époque où j'ai débuté, il y avait un certain apriori sur ce sport, certains le qualifiant de sport de lesbienne. Toujours est il que j'ai aussi découvert une certaine ouverture d'esprit dans mon petit club de campagne. Comme partout ailleurs, il y avait des lesbiennes, mais peut être que là, elles s'assumait plus librement qu'ailleurs. C'est assez perturbant, mais aussi rassurant et encourageant pour une petite fille qui se posait déjà beaucoup de questions.

00:28:12
 Témoignage 4: Je suis un jeune homme trans de 17 ans. Je suis dans un club de kayak depuis quasiment trois ans et je fais des compétitions depuis deux ans en départemental puis régional et normalement en nationale trois l'année prochaine. Je sais que je suis transgenre depuis maintenant un peu plus de deux ans, mais j'ai fait mon coming out dans mon club plutôt récemment. Mes amis du club le savaient déjà mais pas mon coach. Quand je lui ai dit, il a vraiment très bien réagi, il a été vraiment bienveillant avec moi, il m'a posé des questions pour ce que je souhaitai au niveau vestiaire. J'ai fait le choix de rester dans le vestiaire des filles étant donné que j'ai toutes mes amies dedans et que je ne me sens pas encore à l'aise de me changer avec des hommes. Je précise que je suis bientôt à un mois sous testostérone. Mon prénom est en cours de changement à l'état civil. Du coup pour les compétitions, j'en ai parlé avec mon coach qui m'a dit que de toute sa carrière, il n'a entendu qu'un seul cas comme ça et que c'est celui d'une femme trans. Ce qui a concouru que dans les catégories masculines au championnat du monde. Il m'a dit que la fédération ne me changera pas de catégorie tant que mon état civil ne sera pas changé. Et encore. Et il m'a dit que pour l'instant c'est mieux pour moi de rester dans la catégorie féminine. Je ne sais pas ce qui se passera ensuite et la vie de club et les compétitions sont une part très importante de ma vie, d'autant que je suis déscolarisée du fait du harcèlement scolaire vécu suite à mon coming out dans mon club. Je suis très bien, je ne suis quasiment plus mes genrée et je suis à l'aise avec eux. Ce n'est pas pareil en compétition où la dysphorie peut frapper très fort et altérer mes performances en compétition. Je suis même genré par mes adversaires qui ne voient que mon dossard et ma catégorie dames et aussi par les adultes hors de mon club quoi. Quoiqu'il en coûte, mon club sportif représente un échappatoire vital. C'est ce qui me garde encore sur terre et c'est aussi ce qui me permet d'avoir une vraie vie sociale et de ne pas juste retomber en dépression. Et ça me donne un but aussi.

00:30:07
 Témoignage 5: Je suis bie et avec mon frère on fait du patinage artistique. Dans l'adolescence, j'ai souvent eu des relations qui allaient au delà de l'amitié avec des filles de mon club sans en prendre pleinement conscience. C'était vu comme des exercices pour s'entraîner pour plus tard. Avec les autres, nous étions vu comme hétéro par défaut. Mon frère, lui, est hétéro, mais t'es considéré comme gay du fait de pratiquer le patinage artistique. Il est intéressant de noter qu'il a été considéré comme hétéro du moment où il a gagné des gros championnats. Comme si le fait d'être un champion faisait de lui un homme, un vrai. Il était vu comme hétéro parce qu'il gagnait, ce qui a annulé le fait de pratiquer une discipline sportive ne collant pas à la masculinité hégémonique classique.

00:31:04
 Léane: La première partie de cet épisode est maintenant terminée. Merci pour votre écoute. Mécréantes est une émission totalement indépendante et uniquement financée par ses auditrices. Pour le prix d'un verre, vous pouvez soutenir l'émission en me rejoignant sur Patreon. Sur cette plateforme, vous accéderez à de nombreux contenus supplémentaires, dont une émission de podcast en exclusivité. Merci à Pascal et Marie pour la lecture des témoignages et à toutes les personnes qui ont pris le temps de m'écrire ou de me confier leur histoire. Merci également à mes professeurs pour les cours à ce sujet et à vous pour l'écoute.